Que vous inspirent ces mots clés: "coeur et vie ?"
C'est un peu l'objectif de ma vie : aller au cœur de la vie des autres. Je compare mon travail avec celui d'un cambrioleur et notamment celui d'un cambrioleur de cœur, puisque je vais rencontrer des gens, qui sont souvent dans des situations difficiles, en France ou à travers le monde, et ils me consacrent de leur temps pour me raconter à la fois ce qu'ils subissent et ce pourquoi ils s'engagent et ils combattent.
Peut-on dire que vous exercez l'un des plus beaux métiers du monde, celui de la rencontre ?
J'apparaitrais peut-être comme prétentieux en disant oui d'un ton sec et définitif, je veux continuer d'envier les gens qui sont médecins, qui soulagent la souffrance, moi, je ne fais que rapporter. Je suis un observateur, un observateur engagé, pour reprendre le titre d'un livre de Raymond Aron. Oui, je fais un très beau métier, je vais avoir 60 ans dans quelques mois, et je ne suis pas prêts de décrocher. Je fais un métier formidable, j'ai la chance d'être entouré par une chaîne, par une équipe, et grâce à eux je parcours le monde pour restituer la réalité d'un lieu, d'un peuple, d'une tribu, de gens qui sont engagés sur le plan associatif, bénévole, qu'ils soient croyant ou pas. On trouve une beauté d'âme extraordinaire chez des gens qui ne sont pas croyants, mais qui croient en l'homme, en la fraternité, en un idéal de fraternité universelle. Même si j'ai l'impression que sur ce plan là, on recule plutôt que l'on avance.
Vous êtes un "esprit critique" ?
J'essaie de faire mon métier le mieux possible, c'est forcement imparfait, subjectif aussi : je n'ai pas la prétention en une heure et demi de faire découvrir toutes les richesses d'un pays, mais j'essaye de donner à la fois des choses à voir et de donner à réfléchir.
Quels sont vos critères pour diffuser une information ?
J'ai assez peu eu affaire à la censure au cours de ma carrière. Il y a l'autocensure mais j'ai aussi eu affaire à la censure à Cuba, au Vénézuèla, des régimes qui interdisent de plus en plus aux journalistes de travailler librement, mais c'est le cas aussi de la Chine, de l'Inde. Ce sont des pays-continents dans lesquels il est très difficile de faire son métier et aujourd'hui quand on va en Inde ou en Chine il faut justifier auprès du consulat ce que l'on va faire, qui l'on va rencontrer, etc. On m'a récemment refusé l'entrée au Vénézuela. Cuba, j'ai été en prison pendant quelques heures, parce que j'avais interviewé des dissidents.
Quel regard portez vous sur l'évolution des médias, y compris par rapport au spirituel ?
Il y a pas mal de préventions qui sont tombées. Par exemple, dire à la radio ou à la télévision "je crois en Dieu" il y a une trentaine d'années faisait apparaître comme ringard. Aujourd'hui, la dimension spirituelle, la mystique ont retrouvé un droit de cité. Les médias ont évolué là dessus de manière positive, les choses ont changé. Et je pense que dans le story-telling, on s'intéresse un peu plus à l'âme et au cœur des individus et je ne trouve pas ça plus mal
Site de L'Editeur Calmann Levy
Bernard de la Villardière (Piste 1)
Bernard de la Villardière (Piste 2)
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La longue expérience de Bernard de La Villardiere dans un métier qu' il exerce toujours avec passion et très peu de concessions le trouvent à un tournant dans sa vie. Peut être toujours incisif a l'heure de questionner mais aussi plus à l'écoute des vraies questions profondément humaines de ses interlocuteurs
Un parcours qui mérite un grand bravo et beaucoup d'admiration !!!