La prostitution s'est installée durablement:
Le visage de la prostitution caennaise, tel qu'il se laisse observer jour et nuit dans certaines rues, a beaucoup changé ces quinze dernières années. "Il s'agit à 99 % de femmes étrangères, alors que dans les années 90, les Françaises étaient les plus nombreuses", se souvient Françoise Le Brizaut, déléguée départementale du Nid, une association qui vient en aide "aux victimes de ce système alimenté par les mafias".
Aujourd'hui, un tiers des 60 à 70 étrangères présentes à Caen sont originaires de Roumanie. Et les autorités ont décidé de s'en prendre à ce réseau de filles de l'Est émergé depuis février 2010, de part et d'autre de l'Orne, tout particulièrement à hauteur du quai Hamelin et de la promenade de Madame de Sévigné.
Les autorités sont d'autant plus convaincues de pouvoir mettre un terme à cette prostitution roumaine à Caen, qu'un réseau opérant à Rouen et Caen en 2007, avait été démantelé l'année suivante.
Des Africaines plus "indépendantes":
Sur le Cours Montalivet, aux portes de la ville, le visage de la prostitution caennaise montre sa deuxième face. Depuis le début des années 2000, des camionnettes s'y sont installées le long d'un immense hangar blanc. Sur la période 2002-2007, nombre de ces femmes arrivaient par le train le soir et repartaient le lendemain, d'où le surnom de "turbo-prostituées". Aujourd'hui, beaucoup d'entre elles résident à Caen.
Les femmes qui occupent ces "maisons closes individuelles dotées d'une chambre et d'un habitacle" sont toutes originaires d'Afrique, le plus souvent du Cameroun ou du Nigéria, mais aussi de Sierra Leone. "Elles n'ont le plus souvent qu'un titre de séjour ou sont en tout cas en situation régulière", confirme le Procureur de la République, Catherine Denis.
Elles espèrent être un jour à leur compte:
Le nombre de camionnettes s'est aujourd'hui stabilisé autour d'une trentaine. Les prostituées en sont pour certaines propriétaires, quand le fourgon n'appartient pas à un "ami".
A l'intérieur, la décoration parfois bien arrangée masque une hygiène désastreuse. Des agressions surviennent parfois, en dépit du fait que les camions restent proches les uns des autres pour combattre l'insécurité du milieu.
L'argent dévore aussi de temps en temps la raison. Certaines filles préfèrent accepter un client prêt à tripler le prix à payer pour faire l'amour sans préservatif, plutôt que de le laisser filer !
"Ces filles font venir d'autres prostituées qui, pour être un jour à leur compte, leur sont alors redevables de grosses sommes d'argent pouvant aller jusqu'à 35 000 euros", explique une personne qui fréquente cette communauté. "Ces femmes gagnent entre 400 et 800 euros par jour. Elles peuvent donc rembourser rapidement", ajoute-t-il.
Et la roue tourne ainsi depuis quelques années déjà, sachant que ces femmes ne restent jamais plus de cinq ans dans ces camions. Sur le Cours Montalivet, les voitures continuent de passer tandis que le système tend à se consolider.
Les explications à suivre pour Tendance Ouest:
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