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Violence, faim et peur dans les régions isolées de Colombie

Jeison Mecha ne mange qu'une fois par jour, parfois "juste une banane". Dans la jungle du nord-ouest de la Colombie, où a échoué sa communauté indigène fuyant la violence des groupes armés, la nourriture manque et la peur abonde.

Violence, faim et peur dans les régions isolées de Colombie
Une famille de l'éthnie Embera dans le village de Tasi, dans le département du Choco en Colombie, le 25 janvier 2017 - LUIS ROBAYO [AFP]

"Nous souffrons encore", confie à l'AFP le gouverneur de Tasi, réserve de l'ethnie Embera dans le Choco, département le plus pauvre de Colombie où la guérilla de l'ELN et les gangs criminels s'affrontent pour contrôler le territoire.

Après avoir "tout perdu", Jeison Mecha et 600 autres indigènes survivent aujourd'hui dans la jungle surplombant le fleuve Baudo. Ils ont dû abandonner leurs terres, théâtre de combats entre l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste) et les milices d'Autodéfense gaitanistes de Colombie (AGC), héritées des paramilitaires d'extrême droite démobilisés il y a une dizaine d'années.

C'était en juin 2014. "Nous nous sommes enfuis, de peur", raconte John Hamilton Sagugara, instituteur des 54 enfants de Tasi. Depuis "il n'y a rien à manger", dit-il, sous le soleil implacable de midi, en déplorant la dysenterie et les fièvres dont souffrent les Emberas. Leurs champs de maïs et de banane plantain, leurs rizières ont été "avalés par la forêt". Les porcs et les poules ne sont plus que souvenirs.

Parmi des femmes et enfants à moitié nus, arborant des colliers de perles colorées, Mariluz Dari s'inquiète: de ses sept enfants, le plus petit, un bébé collé contre son sein, est malade depuis plus de trois semaines.

Des milliers de déplacés

En amont du Baudo, à Puesto Indio, d'autres familles déplacées vivent dans des masures de bois sur pilotis, entre lesquelles courent des petits au ventre ballonné. Deux sont morts l'an dernier d'infections gastriques et respiratoires, associées à la malnutrition, selon les autorités.

Les indigènes se plaignent des groupes armés qui violent leur territoire ancestral et le truffent d'explosifs. Le 9 janvier, des guérilleros ont fait irruption dans une réunion, menaçant de tuer tout le monde.

"Ils nous accusaient de collaborer avec les paramilitaires", raconte un autre leader de la communauté. "Nous avons eu très, très peur", ajoute-t-il, reconnaissant toutefois envers la garde indigène, qui veille sur la réserve, armée de simples cannes.

La manoeuvre d'intimidation n'est pas allée plus loin. Mais les indigènes sont restés confinés chez eux, "affamés" car n'osant plus aller aux champs. Ils restent "très inquiets" malgré la "médiation" du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

"Les civils sont notre priorité", précise Anna Praz, cheffe du bureau du CICR dans le Choco. Dans cette région reculée, où la majorité n'a ni eau potable, ni électricité, et où les rivières sont les principales voies d'accès, l'organisme humanitaire tente d'atténuer l'impact du conflit sur les habitants, la plupart afro-colombiens (82,1%) et indigènes (12,7%).

En mai dernier, l'ONU a appelé à protéger "d'urgence" la population du Choco, évoquant 6.000 personnes déplacées et 7.000 confinées depuis mars.

'Violence de la faim'

"Plus de 95% de la population de la commune a été victime du conflit", précise Dayro Palacios, chargé de la protection des droits humains dans la municipalité d'Alto Baudo, où l'ELN et les AGC se disputent l'accès à l'océan, voie de sortie pour la drogue.

"Nous sommes en zone à haut risque", dénonce Evelio Palacio, 63 ans, victime d'un déplacement massif en 1991. "Beaucoup de gens sont partis à la ville."

Cibles d'extorsions et ne pouvant se déplacer librement, les habitants craignent sans cesse d'être pris dans les affrontements entre groupes armés, ou sous le feu des bombardements militaires visant le narcotrafic et les mines clandestines.

Ils voient avec "optimisme" les négociations entamées par le gouvernement avec l'ELN, mais ne pensent pas que leurs problèmes se résoudront avec la démobilisation de cette guérilla, la dernière active dans le pays depuis la paix signée en novembre avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes).

"La violence de la faim (...) ne va pas s'arrêter et il y a beaucoup de besoins" en éducation et santé, souligne Luis Carlos Arce, gouverneur de la communauté indigène d'Alto Tumando, elle aussi déplacée par la violence.

Jaime Valderrama, secrétaire du gouvernement d'Alto Baudo, insiste sur la nécessité d'infrastructures et d'emploi. "Là où il y a la faim, il n'y a pas de paix."

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