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En Zambie, le congé "menstruel" fait polémique

Par pudeur, on l'appelle la "fête des mères". En Zambie, les salariées bénéficient chaque mois d'un jour de repos supplémentaire pour leurs règles, un droit vivement contesté par ceux, hommes ou femmes, qui dénoncent des abus.

En Zambie, le congé "menstruel" fait polémique
Des paquets de serviettes périodiques en vente dans les rayons d'un magasin à Lusaka, le 16 janvier 2017 en Zambie - DAWOOD SALIM [AFP]

Dans ce pays d'Afrique australe, la sexualité est entourée du plus grand secret. Au point que nombre de parents n'osent pas expliquer à leurs enfants comment ils sont arrivés au monde et préfèrent leur dire avoir "acheté" le nouveau-né à l'hôpital.

Les députés zambiens ont pourtant adopté en 2015 une loi, jusque-là unique sur le continent, qui accorde aux femmes le droit à un congé "menstruel", à la suite d'un lobbying intense d'ONG et parce que le gouvernement était favorable à une telle idée.

Pendant cette période, "certaines femmes ont des pertes de sang importantes, d'intenses douleurs, d'autres vomissent (...) cela a des conséquences sur leur travail", explique Madube Siyauya, du Conseil de coordination des ONG (NGOCC), qui a milité pour l'adoption du texte.

Cette journée supplémentaire de repos mensuel est accordée aussi bien dans le secteur privé que dans la fonction publique, sans certificat médical et indépendamment de l'âge de l'employée.

"C'est une loi progressiste qu'on nous envie partout en Afrique", affirme la présidente du NGOCC, Sara Longwe.

Elle représente une avancée dans un pays où les femmes font l'objet de discriminations en matière d'éducation et d'emploi, où les filles sont mariées jeunes et où la mortalité en couches reste élevée dans les campagnes.

Unique en Afrique, une telle législation reste rare dans le monde. Le Japon, pionnier en la matière, l'a adoptée dès 1947. L'Indonésie, la Corée du Sud et Taïwan lui ont emboîté le pas.

En Occident, seules certaines sociétés s'y sont essayées, comme la petite entreprise britannique Coexist qui offre depuis peu la possibilité pour ses employées d'aménager leur temps de travail pendant leurs règles.

Un jour bienvenu

Pour Shupe Luchembe, une mère de famille zambienne, ce congé est le bienvenu. "Ca me permet de gérer mes besoins physiologiques. Chaque mois, j'ai besoin d'un jour loin du bureau pour prendre soin de moi correctement", témoigne cette fonctionnaire de 36 ans, cheveux courts, fines lunettes et pull rouge en V.

Mais la loi suscite aussi la controverse.

Dans un grand magasin d'électroménager de Lusaka, plusieurs employés hommes s'indignent, sous couvert d'anonymat, que trop de caissières soient absentes en même temps.

"La logique derrière cette loi est louable", estime ainsi Andrew Miti, à la tête d'une entreprise de consulting en médias à Lusaka.

"C'est bon pour l'hygiène. Au bureau, des femmes peuvent être mal à l'aise d'aller régulièrement aux toilettes pour changer de serviettes hygiéniques (...) mais, comme d'habitude, des femmes abusent de cette journée", déplore-t-il.

Une critique que partagent également certaines femmes.

"Quand des femmes ont besoin de faire quelque chose, elles prennent leur congé menstruel au lieu de prendre un jour de vacances. C'est de l'abus", regrette Laura Miti, directrice de l'ONG Alliance for Community Action.

"Accorder douze jours de congés supplémentaires par an, c'est trop. Ce n'est pas productif, surtout dans le milieu de l'entreprise", tranche-t-elle.

"Evidemment, des gens se plaignent ici ou là que la productivité est affectée par la +fête des mères+", reconnaît elle-même Cecilia Mulindeti-Kamanga, haut fonctionnaire au ministère du Travail. "Mais toutes les femmes ne s'absentent pas le même jour. Et il n'y a aucune preuve d'une baisse de la productivité", dit-elle.

'Pression'

Fonctionnaire, Chiselwa Kawanda a pour sa part décidé de ne pas profiter de ce jour de congé.

"Je prendrais trop de retard dans mon travail", explique cette mère de famille trentenaire. "Les femmes n'ont pas leurs règles seulement un jour par mois. Dans certains cas, elles durent sept jours. Ca voudrait dire que les femmes devraient être absentes sept jours. Cela n'a aucun sens", lâche-t-elle.

Loin de ce débat, Mervis Mwiinga, une infirmière, préfère pointer du doigt les employeurs du secteur privé qui, accuse-t-elle, refusent d'appliquer la législation en vigueur. "Quand il y a trop de pression au travail, le patron nous dit qu'on ne peut pas prendre notre journée", affirme-t-elle.

La loi prévoit des amendes et même jusqu'à six mois de prison pour les employeurs qui refuseraient d'accorder ce congé. Mais à ce jour, aucun patron récalcitrant n'a été puni.

Qu'importent les abus, la loi constitue avant tout un progrès pour toutes les femmes, estime Mabvuto Sakala, professeur de droit du travail à l'université de Zambie (Unza).

"Certes, l'intention du Parlement était d'abord de permettre aux femmes salariées de rester chez elles le jour où elles sont le plus perturbées par leurs règles. Mais il est clair que ce jour leur sert aussi à accomplir leur tâches maternelles", souligne-t-il.

Et malgré la controverse, le gouvernement zambien entend bien persister dans cette voie.

Depuis ce début d'année, il a décidé de fournir gratuitement des serviettes hygiéniques aux écolières qui vivent en zone rurale. Une mesure destinée à réduire leur absentéisme... pendant leurs règles.

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