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Khazir (Irak) (AFP). Raser sa barbe et revivre après deux ans sous la coupe de l'EI

Pendant plus de deux ans, la vie de Saddam Dahham s'est résumée à "prier tout le temps" et à négocier la longueur de sa jellaba et de sa barbe avec les jihadistes qui occupaient son village. Aujourd'hui, il a enfin pu s'échapper avec sa femme et ses trois enfants.

Khazir (Irak) (AFP). Raser sa barbe et revivre après deux ans sous la coupe de l'EI
Des membres des forces irakiennes à AL-Shurah, au sud de Mossoul, le 24 octobre 2016 - AFP/Archives

Fin juin 2014, l'Etat islamique déclarait son "califat" à Mossoul, dans le nord de l'Irak. Un mois plus tard, le 7 août, ses hommes entraient à Topzawa, un village des alentours. Ce jour-là, la vie de Saddam et de ses voisins a changé du tout au tout.

"On n'avait pas le droit de fumer, pas le droit d'utiliser des téléphones, pas le droit de regarder la télévision. On était obligé de se laisser pousser une longue barbe et de porter des jellabas courtes", comme le font les jihadistes, raconte-t-il à l'AFP sur le bord d'une route où il attend depuis des heures le droit de passer pour rejoindre un camp de déplacés.

Le lendemain, enfin installé dans une tente avec sa femme et ses trois enfants, Saddam est tout sourire. Il n'en finit pas de se caresser les joues, recouvertes désormais de courts poils.

"J'avais ce truc lourd qui me pendait au bas du visage. Je n'étais pas à l'aise, ça me grattait", dit-il. "Mais j'ai vu que dans les kits d'aide humanitaire, il y avait un rasoir", se réjouit cet ancien routier de 36 ans qui a perdu son travail le jour où les jihadistes ont coupé les routes vers le Kurdistan.

- 'Sentir la mort partout' -

Avec l'avancée des troupes kurdes et fédérales irakiennes vers Mossoul, plus d'un millier d'Irakiens sont arrivés en une journée au Kurdistan, exfiltrés par les militaires. Et ce n'est que le début d'une longue crise humanitaire, au sujet de laquelle l'ONU et les ONG tirent la sonnette d'alarme depuis des mois.

Après avoir patienté près d'une journée, Saddam et sa famille ont été parmi les premiers à se voir accorder l'une des milliers de tentes des camps qui se montent un peu partout dans les plaines. Ils ont tout laissé derrière eux car les militaires irakiens ne leur ont pas laissé le temps de faire leur bagage. Mais, même les poches vides et sous une tente, ils ont enfin pu dormir sans "s'inquiéter en permanence" et sans "sentir la mort tout le temps partout".

"On vivait sous le régime de la mort, on n'était jamais tranquille", se rappelle ce Kurde sunnite, en serrant dans ses bras sa fille Mona, trois ans, le visage sérieux encadré par des cheveux noirs de jais. "Même sous une tente, on se sent mieux ici que chez nous. Depuis qu'on est au Kurdistan, on ne vit plus sous les bombes", se félicite-t-il.

- Pas d'école -

A l'époque où l'EI régnait en maître sur le village, toutes les écoles avaient été fermées. Les aînés de Mona, Zina, sept ans, et Omar, six ans, ne sont pas entrés dans une classe depuis plus de deux ans. Le camp où ils viennent de s'installer n'a pas encore de structures dédiées aux enfants mais déjà "ils se sentent mieux ici", affirme leur père. A Topzawa, "ils avaient peur et pleuraient tout le temps".

Les adultes aussi vivaient "une vie horrible: tout était interdit, sauf de prier tout le temps".

"C'était comme au Moyen-Age: il n'y avait pas d'écoles car ils avaient envoyé toutes les fournitures qu'ils y avaient trouvé en Syrie", accuse Oum Ali, une Irakienne de 35 ans, venu d'un autre village proche de Mossoul. "Il n'y avait aucune liberté", renchérit une jeune fille à côté d'elle, le visage encore caché par un niqab, le voile intégral noir que les jihadistes imposent à toutes les femmes des territoires qu'ils contrôlent.

Un cousin de Saddam, qui refuse de donner son nom de peur de mettre en danger des membres de sa famille restés dans des zones encore sous le contrôle de l'EI, raconte dans un sourire amer comment les jihadistes ont forcé sa femme à se voiler.

"Quand nous allions au marché ensemble, je n'arrivais pas à la distinguer des autres femmes. Et, sous l'EI, impossible de s'adresser à une femme en public ou de la toucher, la punition pour ça, c'était la mort. Alors je la reconnaissais à la couleur de son sac à main", raconte-t-il.

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